Comment développer sa pratique réflexive de coach ?

Les superviseurs de coachs du monde entier utilisent, entre autres outils, le modèle 7 Eyed de Peter Hawkins et Robin Shohet (2006) pour co-réfléchir avec le coach-supervisé. Utilisé en supervision individuelle et en supervision collective, il est présenté dans l’ouvrage des deux auteurs intitulé « Supervision in the helping professions » chez Open University Press Buckingham – Philadelphia.

Nous le présentons ici, réadapté et simplifié en 5 regards pour vous les coachs professionnels, afin que vous puissiez seuls, à la fin de vos séances commencer une pratique réflexive de ce qui se joue dans votre coaching.

1. Les 5 regards que vous pouvez porter pour analyser votre séance

Le modèle d’origine de Peter Hawkins et Robin Shohet permet au superviseur et au supervisé d’explorer tout un ensemble de systèmes en interaction ; la relation entre le coach et le client, la relation entre le superviseur et le coach, le système du client, et aussi, les modes de fonctionnement et mécanismes inconscients du client, du coach et du superviseur.

Dans le modèle ci-dessous, seuls 5 regards sur 7 ont été conservés afin de permettre au coach seul de se poser un certain nombre de questions pour mieux appréhender les contours de son coaching. L’ordre des regards a été modifié et toute la partie concernant le superviseur a été enlevée.

2. Quelles sont les questions à se poser pour chaque regard ?

Modèle 1 : le client

Qui est-il ? comment fonctionne-t-il ?, quelle est sa problématique ?, quels sont ses objectifs de coaching ? , a-t-il demandé ce coaching ?…

Modèle 2 : mes actions en tant que coach

Qu’ai-je fais/dit pendant la séance ?, pour quoi (dans quelle finalité) ?, pour quoi l’ai-je fait à ce moment précis ?, qu’aurai-je pu faire d’autre qui aurait produit le même résultat ?, si j’avais fait autrement, quel résultat aurai-je obtenu ?…

Regard 3 : relation client-coach

Comment avez-vous obtenu le contrat avec ce client ?, quel est votre niveau de relation avec lui ?, vous a-t-il choisi ?, comment votre relation s’est construite et évolue avec le temps ?, quel schéma en terme de fonctionnement avez-vous tendance à reproduire dans votre relation ?…

Regard 4 : moi le coach

A qui me fait penser ce client ?, ai-je envie de le protéger ou au contraire de le challenger, quels sont mes mécanismes inconscients possibles, quels sont les attitudes/habitudes que j’ai déjà mises en place avec un autre client ?, qu’est-ce qui résonne en moi dans ce coaching ?, qu’est-ce qui m’inquiète parfois ?, quel impact a tout cela sur le processus ?…

Regard 5 : le système du client

Quels sont les différents systèmes et sous-systèmes en lien avec la problématique de votre client ?, quelles sont les personnes directement liées à son objectif de coaching ?, comment prend-t-il sa place au milieu de son système ?, comment interagit-il avec les différents éléments de son système ?…

3. Comment prendre du recul sur sa pratique ?

Maintenant que vous avez répondu à certaines de ces questions, vous pouvez pour les plus visuels d’entre vous, dessiner votre propre système pour mieux observer les contours de votre coaching.

Certains regards auront attiré plus que d’autres votre attention. Arrêtez-vous un instant sur ces derniers pour formuler quelques options concernant d’une part, l’impact sur votre coaching et d’autre part, les options à tester lors de vos prochaines séances.

Par exemple, si vous observez que le regard 5 (le système du client) semble plus complexe que vous ne l’aviez envisagé, vous pourriez réaliser avec votre client un dessin systémique.

Par exemple, si vous observez que cette personne vous rappelle inconsciemment votre petite sœur (regard 4) et que vous reproduisez une attitude très protectrice avec votre client, comme il vous arrive de le faire avec votre sœur, vous pourriez par exemple travailler ce point avec votre superviseur, psychothérapeute ou réajuster votre posture pour mieux gérer votre contre transfert.

Autant que possible, prenez 5-10 minutes après vos séances pour les auto-débriefer. Cela vous permettra d’être plus en conscience et de réajuster votre posture pour les cas les plus simples, et, d’amener les sujets les plus complexes en supervision pour aller plus loin sur votre réflexion et votre développement.