Pour servir l’évolution personnelle et professionnelle du coach, quatre types d’accompagnement peuvent être utilisés : la supervision de coach, le mentoring de coach, l’intervision et le coaching de coach.
Ces 4 termes à la frontière les uns des autres sont parfois un peu confus.
Je vous propose une définition de chacun pour vous aider à mieux comprendre les différences qui se situent au niveau de leur finalité, de la méthode et des outils utilisés, ainsi que de la posture et des compétences spécifiques de l’accompagnant.
L’INTERVISION DE COACH
L’intervision de coach, tout d’abord, consiste à partager ces cas clients, ses doutes ou ses difficultés professionnelles et personnelles avec un pair, généralement de niveau équivalent au nôtre.
C’est une forme d’échange gratuit de bons procédés.
L’intervision de coach a pour finalité de créer un espace d’échange, de partage et de réflexion.
Les méthodes et les outils utilisés varient en fonction des deux paires d’entraîneurs qui échangent.
L’intervision de coach permet notamment au coach professionnel qui se lance dans l’activité de rester en contact avec ses confrères et de pouvoir favoriser sa pratique réflexive à moindre coût.
Pratiquer l’intervision de coach est possible avec des membres de sa formation ou des collègues que l’on a rencontrés au gré d’événements de coaching plongeurs.
C’est une personne avec qui, bien sûr, on doit se sentir en confiance et avec qui il est possible d’amener à tour de rôle ses préoccupations personnelles sur son entreprise et ses cas clients (en s’assurant de ne partager aucune information qui pourrait permettre d’identifier le client en question). Cette pratique peut se faire par exemple sur la base d’un RDV par mois ou tous les 2 ou 3 mois en fonction de la régularité de sa pratique. Des groupes d’intervision de coach sont parfois également proposés par les associations locales de coaching, comme les antennes locales d’ICF France, par exemple.
LE MENTORING DE COACH
Le mentoring de coach, quant à lui, a pour finalité de renforcer avant tout ses compétences techniques et de nous assurer d’une bonne maîtrise des 8 compétences clés du coach professionnel (selon ICF).
Le mentoring de Coach est notamment utilisé pour passer une accréditation ICF (ACC, PCC ou MCC).
Il s’agit d’une relation payante entre le coach professionnel et le mentor de coach qui doit avoir davantage d’expérience professionnelle que le coach mentoré.
La posture du mentor de coach est celle d’un expert qui nourrit et apporte essentiellement des réponses aux questions sur le « comment faire ».
Il n’existe pas de certification de mentor de coach , en revanche l’ICF (International Coaching Federation) propose une formation à la maîtrise des marqueurs comportementaux qui, pour autant, n’est pas obligatoire.
Les compétences nécessaires au mentor de coach sont une parfaite maîtrise des 8 compétences clés et des 52 marqueurs PCC. Il doit également parfaitement maîtriser et pouvoir expliquer la logique du QCM à passer pour les accréditations.
ICF définit le mentoring de coach (Mentor Coaching) comme une relation de soutien professionnel visant à obtenir et mettre en évidence les niveaux de compétences de coaching, selon le niveau de certification souhaité par le coach.
Pour passer une accréditation ACC, il faut un coach mentor de niveau PCC minimum ou éventuellement ACC (mais ayant renouvelé 1 première fois son ACC). Pour une accréditation PCC ou MCC, il convient de choisir un coach MCC.
Pour comprendre tous les avantages et fonctionnement d’une accréditation ICF
LE COACHING DE COACH
Le coaching de coach peut réunir deux professionnels de niveau équivalent ou pas, mais reste une séance de coaching classique tant dans sa méthodologie que dans sa finalité et la posture du coach de coach.
Comme dans toutes séances de coaching, un objectif de séance SMART est contractualisé, une prise de conscience suscitée par une posture non inductive du coach de coach et un plan d’action précis défini.
La principale différence tient au fait de la position basse du coach de coach et à sa boîte à outils. Dans ce type de relation, il n’y a pas de partage d’expérience de la part du coach de coach , et par ailleurs, le coach de coach ne formule pas d’hypothèses issues des différentes méthodes utilisées en supervision (telles que la recherche de résonance, de réflexion systémique, de phénomènes de contre-transfert, de fantasmes, d’instrumentalisation…).
Les compétences mobilisées par le coach de coach sont celles du référentiel de coach et sont très différentes de celles d’un superviseur de coach, comme nous allons les décrire ci-après.
En synthèse, les principales différences sont les suivantes :
En coaching de coach, il y a un contrat précis avec une date de fin de coaching et un nombre de séances définis (plus ou moins 10 en général). En supervision, les objectifs ne sont pas contractualisés de la même manière et l’accompagnement peut durer plusieurs années.
– En coaching, on cherche avant tout à régler un problème, quand en supervision, on cherche davantage à développer notre pratique réflexive pour une continuité de notre savoir-faire et savoir-être.
– Le coach pose essentiellement des questions pour susciter des prises de conscience, tandis que le superviseur pose peu de questions.
– Le superviseur donne son avis, partage des outils et sa propre expérience, pas le coach.
– Le coach utilise moins le reflet systémique et la position méta, omniprésentes en supervision.
– Le coach ne partage pas ses réflexions sur la base d’outils psychologiques, psychanalytiques ou philosophiques, comme peut le faire le superviseur.
– Un plan d’action très précis (quoi, quand, comment) est établi en coaching, il est plus ouvert et libre en supervision.
LA SUPERVISION DE COACH
La supervision de coach nous vient à l’origine de la supervision proposée à tous les travailleurs sociaux et spécialistes de la relation d’aide, telle qu’initiée au début du 19ème siècle. Elle est alors dominée par la supervision de type psychanalytique jusque dans les années 1950. Progressivement, les techniques s’enrichissent avec l’arrivée des psychothérapies humanistes et systémiques, puis diverses approches de l’analyse des pratiques.
Dans les années 2000, la supervision s’adapte progressivement au contexte du métier de coach professionnel et favorise une approche dite systémique qui fait la part belle à l’analyse du système, plus qu’aux préoccupations du supervisé (Malarewicz 1999).
Selon IFC, la supervision de coach (Coaching Supervision) est définie comme l’interaction qui se produit lorsqu’un coach rapporte ses expériences de coaching auprès d’un superviseur de coaching afin d’engager un dialogue réflexif et un apprentissage collaboratif pour le développement et le bénéfice du coach et de ses clients.
Développer sa conscience de soi pour permettre une élévation personnelle et professionnelle du coach, telle est donc la principale finalité de la supervision de coach.
Comme le mentoring de coach , la supervision de coach permet également d’affiner son geste professionnel en renforçant ses compétences techniques et ses aptitudes professionnelles. Elle va cependant au-delà de cette fonction, en assurant notamment :
- Un soutien émotionnel du coach quand il est affecté personnellement par l’exercice de sa fonction (par exemple un client perdu ou avec qui cela se passe mal)
- Elle vise aussi à résoudre des situations techniques, professionnelles ou dilemmes éthiques complexes (par exemple, apprendre par son donneur d’ordre qui nous exige de garder le secret que son client va être licencié).
- Et enfin, elle permet de comprendre comment son être profondément impacté sur sa pratique professionnelle (en état plus en conscience, par exemple, de ses biais cognitifs , des contre-transferts , des résonances …).
Les différences fondamentales concernent également la méthode et la posture très différentes de celles utilisées en mentoring de coach ou en coaching de coach.
À partir d’une demande explicite formulée par le coach supervisé, la méthode consiste à croiser un certain nombre d’hypothèses entre le coach supervisé et le superviseur de coach en s’appuyant sur une multitude de corpus théoriques propres à la formation de chacun ( comme l’analyse transactionnelle, l’analyse systémique, la Gestat, la psychothérapie, la théorie des organisations de Berne, la psychanalyse, etc…). Le superviseur de coach est ainsi formé à porter un regard holistique pour élaborer ses hypothèses. L’analyse des systèmes est particulièrement utilisée par le superviseur de coach pour alimenter la réflexivité du coach professionnel.
En supervision de coach , la parité s’exerce dans le sens où superviseur de coach et supervisé peuvent être de même niveau. Le Coach supervisé maîtrise parfois certains corpus théoriques mal connus de son superviseur, contribuant ainsi à enrichir la réflexion.
Une des différences tient enfin aux compétences spécifiques du superviseur de coach.
La plupart des fédérations professionnelles ont établi un référentiel de compétences spécifiques et exigeantes que le superviseur de coach ait suivi une formation et soit certifié superviseur de coach . Au moment où je réalise ce blog, en mai 2024, ICF n’a pas encore établi de référentiel de compétence précis et est en train de statuer sur ses propres critères (1). Cela permettra de mieux dessiner les contours des compétences que le superviseur de coach doit maîtriser et de professionnaliser encore ce métier de superviseur de coach relativement récent. Comme le métier de coach professionnel il y a quelques années, le métier de superviseur de coach se régule, se structure et permet ainsi au coach professionnel supervisé de plus en plus de professionnalisme.
- En 2020, ICF indique qu’une personne peut se déclarer superviseur sous réserve d’être membre ICF, PCC ou MCC, d’avoir au minimum 1000 heures de coaching déclarées et d’être elle-même supervisée. ICF recommande par ailleurs d’avoir une formation spécifique ou un minimum de 100 h d’encadrement.
La supervision de coach peut se faire de manière individuelle ou en groupe tous les 1 à 3 mois en fonction de la régularité de sa pratique.
Ainsi, l’EMCC (Conseil Européen du Coaching et du Mentorat) préconise une séance de supervision en cas de difficulté particulière ou toutes les 35 heures environ de séances de coaching avec des clients, et au minimum 3 fois par an.
Pour savoir comment se dérouler une séance de supervision, consultez notre série Notre voyage au sein d’une séance de supervision.
Pour connaître les quatre fonctions de la supervision et découvrir des cas concrets traités en supervision, consultez nos articles sur le sujet.
En résumé, pour une demande à peu près similaire, voici les différentes manières d’y répondre selon la posture de mentor de coach , de coach de coach ou de superviseur de coach :
Par exemple, pour une demande du type « Je ne sais plus comment faire progresser ce client » :
Le mentor de coach partage comment il serait utile d’agir dans le respect des compétences clés du métier pour mieux faire avancer le client.
Il est en posture dite « haute » et porte un regard essentiellement technique.
Le coach de coach quant à lui, invite à prendre conscience du frein à l’origine de la difficulté et s’assure que le coach reparte avec un plan d’action précis. Il est en posture dite « basse ». À aucun moment, il ne donne un avis ou ne partage sa propre expérience.
Enfin, le superviseur de coach croise ses hypothèses avec celle du supervisé en s’appuyant selon la situation sur un ensemble de méthodes (Systémie, AT, psychanalyse, psychothérapie, TOB…) et des outils spécifiques à la supervision de coach qui permettent de démêler. tous types de problématiques, du conflit éthique jusqu’à un doute identitaire ou un problème technique.
Il partage également son expérience de Coach professionnel et donne son avis sur la situation.
Le coach a supervisé la partie avec une meilleure conscience de soi (comme par exemple sa manière de gérer les résonances, les contre-transferts, un reflet systémique qu’il n’avait pas noté dans sa séance avec son client…) et quelques options à utiliser en fonction de l’évolution de la situation. Le superviseur est en posture de parité.
Récapitulatif des différentes méthodes
INTERVISION | ENCADREMENT | MENTORAT | SURVEILLANCE | |
DÉFINITION | Partage avec une paire de ses difficultés techniques et doutes professionnels. | Alliance entre le Coach et ses clients dans un processus qui suscite chez eux réflexion et créativité afin de maximiser leur potentiel personnel et professionnel. | Relation de soutien professionnel visant à mettre en évidence les niveaux de compétences de coaching, selon le niveau de certification souhaité par le coach. | L’interaction qui se produit lorsqu’un coach rapporte ses expériences de coaching auprès d’un superviseur de coaching afin d’engager un dialogue réflexif et un apprentissage collaboratif pour le développement et le bénéfice du coach et de ses clients. |
Finalité | Obtenir un soutien, le regard et les meilleures pratiques de ses paires. | Prendre conscience d’un point bloquant sur une situation précise et déterminer un plan d’action précis. | Renforcer ses compétences techniques et la maîtrise des compétences clés du Coach. Se préparer à l’accréditation ICF (ou équivalent pour les autres fédérations) |
Développer sa pratique réflexive en développant sa conscience de soi et de sa relation avec ses clients. |
COÛT | Gratuit | Payeur | ||
EXIGENCE DE CERTIFICATION POUR L’ACCOMPAGNANT | Certification au métier de Coach | Certification de coach et accréditation PCC ou MCC (ou 2 renouvellements d’ACC) si ICF (ou équivalent pour les autres fédérations) | Certification au métier de superviseur de coach pour la plupart des fédérations de coaching | |
Partage d’expérience et d’avis de la part de l’accompagnant | OUI. | NON. | OUI. | |
METHODOLOGIES UTILISATEURS | Libres | Format d’une séance de coaching classique | Le mentoré apporte ses sujets/questions aux séances enregistrées et un échange s’appuyant essentiellement sur les compétences clés du métier de coach s’amorce. | Le supervisé exprime sa demande de supervision et avance ses hypothèses. Le superviseur rajoute les siennes en s’appuyant sur un grand champ théorique qui dépasse celui utilisé en coaching. |
Les outils utilisent | Libres | Outils généralement utilisés en coaching (Valeurs, besoins, système, croyances, AT, PNL, modèles divers…) | Les 8 compétences et les 52 marqueurs PCC pour ICF ou équivalent pour les autres fédérations. | Corpus théorique large pour une lecture holistique (psychodynamique, TOB, psychanalyse, systémie, AT, Gestalt, psychologie humaniste…) |
Compétences spécifiques | 8 compétences du coach selon ICF (éthique, état d’esprit coaching, relation, contrats, écoute, présence, prise de conscience, croissance du client) ou équivalent pour les autres fédérations (EMCC, SFC…) | 8 compétences du superviseur selon EMCC (gérer le contrat, faciliter le développement, apporter un soutien, promouvoir les normes pro, conscience de soi, conscience de la relation, conscience systémique, animation de supervision collective) | ||
POSTURE | Posture basse de coach | Expert | Parité |
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Sandrine Saliba est coach de dirigeants, accréditée au niveau MCC. Formatrice au métier de coach professionnel, mentor de coach et superviseur certifié de coach.