J’ai envie aujourd’hui de vous partager un exemple réel dans vécu une de mes séances de supervision  ! Pour mieux percevoir la nature des sujets que l’on peut explorer ensemble , la démarche de questionnement utilisée , et surtout ce que chacun emporte avec soi en fin de séance : un éclairage, une prise de conscience, un pas de plus dans sa posture .

Lors d’une séance de supervision, un coach interne m’amène ce cas :

« Je suis amie avec un manager qui vient de se faire manquer de respect par une de ses collaboratrices. Or, cette collaboratrice, je la connais bien : je l’ai déjà coachée et je la trouve difficile dans ses relations. Elle participe également à un groupe de codéveloppement que j’anime. Si elle apporte ce sujet, je ne me sens pas capable de le traiter. Comment puis-je faire ?

Ce type de situation est un formidable terrain d’exploration en supervision , car il met en lumière ce que tout coach rencontre un jour : la tension entre sa neutralité professionnelle et ses résonances personnelles .

Ce que nous avons travaillé pendant la séance

Nous avons exploré ensemble plusieurs axes de réflexion :

1. Le phénomène du fantasme en coaching

Nous avons nommé ce que la psychanalyse et le système appellent le fantasme projetif : cette tendance à se laisser absorber par le récit d’une personne, à adopter son regard sur le monde — et parfois, à y croire. On se met alors à percevoir les protagonistes à travers ce prisme :

  • l’un devient la victime,

  • l’autre, le bourreau,

  • et le coach se retrouve à « prendre parti », parfois sans s’en rendre compte.

Ce glissement est subtil : il naît souvent d’une empathie sincère, mais il conduit à perdre la neutralité nécessaire à la posture de coach. La supervision devient alors un espace pour remettre du discernement là où les émotions vécues prennent le dessus.

2. Les profils de personnalité en interaction

Nous avons également exploré l’hypothèse que le conflit ne soit pas une affaire de « bonne » ou de « mauvaise » personne, mais le résultat de profils de personnalité qui se percutent — des manières différentes de penser, de ressentir, de communiquer. Autrement dit, non pas une question d’intention, mais de décodage.

Cette approche déplace le regard : elle fait passer du jugement moral à une lecture systémique des interactions. La coach s’est appuyée sur le modèle PCM (Process Communication Model), qu’elle maîtrise bien, pour identifier où la « longueur d’onde » relationnelle s’était rompue, et comment les besoins psychologiques, les canaux de communication et les perceptions opposées avaient créé une incompréhension mutuelle plutôt qu’un manque de respect.

3. Grandir dans la neutralité et la non-conformité

Nous avons enfin abordé l’idée que le malaise ressenti par le coach pouvait être, en réalité, une occasion de croissance professionnelle. Accueillir ce cas, tout en reconnaissant sa propre réaction, revenait à s’exercer à la non-conformité intérieure : ne pas chercher à être « du bon côté », mais à demeurer dans la posture du tiers, celui qui observe la complexité, sans se laisser happer par elle, et qui tient l’espace avec justesse.

J’aime dire à mes confrères que je supervise :

« Essayez d’être ni pour ni contre… bien au contraire. »

Cette formule volontairement décalée permet de questionner la tendance naturelle à prendre parti trop vite, souvent sur la base d’un récit partiel ou d’une émotion réactive. Elle invite à retrouver la liberté du coach, celle d’un regard dégagé des alliances, des jugements et des certitudes — un regard ouvert, ancré et profondément humain.

Les questions puissantes qui ont soutenu son cheminement

  • Qu’est-ce que cette situation réveille chez toi en tant que personne ?

  • Qu’as-tu envie de protéger, ou de réparer, en refusant ce sujet ?

  • Quelle histoire t’es-tu déjà racontée sur cette collaboratrice ? Et que se passerait-il si tu la suspendais un instant ?

  • Comment pourriez-vous retrouver une curiosité « neutre », dégagée du besoin d’avoir raison ?

  • Que changerait ton regard si tu considérais que chacun agit de manière logique dans son propre cadre de référence ?

  • En quoi cette situation vient-elle nourrir ton identité de coach, au-delà de l’inconfort qu’elle provoque ?

La supervision est pour moi un espace pour se décoller de ses projections

Superviser, ce n’est pas juger la pratique. C’est offrir un miroir pour que le coach puisse voir ce qui se joue en lui . C’est un lieu où l’on réapprend à regarder sans classe , à écouter sans comprendre avec certitude et à accueillir sans se laisser envahir.

C’est là que la posture se décante, et que la neutralité devient, non pas une posture froide, mais une présence lucide et bienveillante pour chacun de ses coachings à venir.

PS : merci à ce cher(e) collègue qui m’a amené ce cas et qui se reconnaîtra peut-être.

Avec présence Saliba Sandrine MCC

Pour connaître

-Mon offre de supervision collective : https://prolifecoaching.fr/programme-supervision-collective/

-Mon offre de supervision individuelle : https://prolifecoaching.fr/programme-booster-sa-carriere-de-coach-professionnel/

– Pour profiter de ressources en supervision utiles pour votre quotidien :

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Dans le bureau du superviseur de coach

Sandrine Saliba est Coach Exécutif Sénior certifiée Master Coach Certified   (MCC)   par la Fédération Internationale de Coaching (ICF) et Senior Practitioner par l’EMCC. Elle est également formatrice au métier de Coach (RNCP et niv 2), Mentor et Superviseur de coach accrédité ESIA.

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