Aujourd’hui, j’aimerais vous partager une situation concrète vécue en supervision — un exemple qui illustre la richesse des sujets que l’on peut y explorer, la puissance du reflet systémique et, les prises de conscience précieuses qu’une séance peut offrir pour faire évoluer sa posture de coach.

Le contexte

Lors d’une séance de supervision, ma cliente, coach professionnelle, m’amène différentes préoccupations qui semblent tourner autour des notions « d’écoute » et « d’exploration en profondeur ». Dès le début de notre échange, je ressent une gêne en moi , comme une forme d’agacement. Elle parle beaucoup, enchaîne plusieurs sujets sans vraiment les relier, et ne pose pas de questions précises . Je ne comprends pas ce qu’elle attend de moi. Elle semble sûre de son raisonnement, comme si elle avait déjà les réponses.


Je l’écoute, tout en observant ce qui se passe en moi :

« Pourquoi suis-je agacée ? Qu’est-ce qui se joue ici ? Qu’est-ce que cela dit de moi ? »

Je connais mon propre driver « sois fort » , et je perçois le risque d’une projection sur les personnes qui ont du mal à reconnaître qu’elles peuvent encore progresser. Je prends donc ma part, je respire, je reste en présence.

Et puis… l’évidence me saute aux yeux .

L’émergence du reflet systémique

La coach m’amène alors un cas client et m’explique qu’elle est agacée par sa coachée qui « ouvre les vannes », parle beaucoup, se questionne toute seule et ne l’écoute pas. Elle la trouve « trop en mode moi je ».

Tout à coup, je réalise que je vis exactement la même chose avec elle depuis le début de la séance. Ce qu’elle décrit chez sa cliente est ce que j’expérimente avec elle ici et maintenant.

C’est le signe typique d’un reflet systémique : le même type de dynamique relationnelle se reproduit entre les différents niveaux du système – client ↔ coach ↔ superviseur.

Le partage du reflet

Je choisis de lui proposer un partage, avec prudence et bienveillance :

« J’aimerais te partager une hypothèse, si tu veux bien qui pourrait peut-être t’aider à avancer sur la compréhension de ton cas client. J’ai l’impression que ce que tu vis avec ta cliente est peut-être en train de se rejouer ici, entre nous. Depuis le début de notre échange, je ressent comme une difficulté à te questionner, car plusieurs sujets arrivent en parallèle, et tu sembles y répondre seule sans véritablement exprimer le besoin de les explorer en profondeur. Je me demande si ce que je réssens ici pourrait ressembler à ce que tu vis avec ta cliente. »


Surprise, elle marque un temps d’arrêt, puis me répond :

« Oui… c’est exactement ça. »

L’exploration en profondeur commence alors vraiment !

Ce miroir lui permet de prendre conscience du schéma relationnel à l’œuvre :

  • avec sa cliente,
  • avec moi en surveillance,
  • et même avec sa propre psy, où elle dit « parler beaucoup sans jamais vraiment aller en profondeur » en gardant une porte verrouillée au fond d’elle.

Elle reconnaît une tendance à garder le contrôle, avoir ses certitudes, ne pas s’ouvrir pleinement à la remise en question.

Ce reflet systémique a donc ouvert une triple prise de conscience :

  1. Sur son comportement personnel (un mode de fonctionnement récurrent),
  2. Sur l’origine de son agacement face à certains clients,
  3. Sur les répercussions dans ses séances de coaching : tant qu’elle n’explore pas pleinement sa propre profondeur, il lui est difficile d’inviter ses clients.

Ce que cela dit du rôle du superviseur

Le rôle du superviseur est de se mettre à l’écoute du champ relationnel :

  • de ses propres émotions,
  • de ce qui se rejoue dans « l’ici et maintenant »,
  • et de proposer un reflet lorsqu’il peut être utile au développement du coach.

Le reflet systémique devient alors un outil de lucidité professionnelle et vise à éclairer les dynamiques inconscientes qui influencent la pratique de notre confrère.

Pour les coachs : quelques repères pratiques

Pour repérer un reflet systémique dans vos accompagnements, vous pouvez vous poser ces questions :

  • Est-ce que ce que je ressens avec mon client ressemble à ce qu’il vit ailleurs ?
  • Est-ce que le type d’interaction entre nous (prise de place, fuite, contrôle, etc.) est un miroir de ce qui se joue réellement dans le système du client ?

Et quand vous en prenez conscience, vous pouvez proposer un partage en douceur :

« J’aimerais vous partager une hypothèse. Il est possible que ce qui se passe entre nous reflète ce que d’autres vivent avec vous. J’ai remarqué que certaines de mes questions restent sans réponse, comme si vous aviez déjà vos propres réponses. Est-ce que cela pourrait ressembler à ce que la personne de votre entourage ressent dans votre relation ? »

En conclusion

Le reflet systémique est un miroir vivant du système du client , visible dans la relation. En supervision, il devient un outil de croissance pour le coach, qui apprend à observateur comment il est impliqué dans les dynamiques de ses accompagnements.

C’est une invitation à plus de présence, d’humilité et de conscience professionnelle .

 

PS : merci à ce cher(e) collègue qui m’a amené ce cas et qui se reconnaitra peut-être. 

Avec présence @sandrinesaliba

Pour connaître 

-Mon offre de supervision collective : https://prolifecoaching.fr/programme-supervision-collective/

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– Pour profiter de ressources utiles pour votre quotidien : 

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Dans le bureau du superviseur de coach : Quand le reflet systémique éclaire une posture de coach

Sandrine Saliba est Coach Exécutif Sénior certifiée Master Coach Certified    (MCC)    par la Fédération Internationale de Coaching (ICF) et Senior Practitioner par l’EMCC. Elle est également formatrice au métier de Coach (RNCP et niv 2), Mentor et Superviseur de coach accrédité ESIA.

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